Les emprunteurs potentiels ont constaté une hausse des taux fixes en consultant les offres hypothécaires récemment.
Cette tendance haussière semble toutefois se stabiliser. En effet, les rendements des obligations canadiennes, qui influencent les taux fixes, ont reculé d’environ 15 points de base ces derniers jours.
Nous avons déjà évoqué, il y a une semaine, la récente flambée des taux d’intérêt. Plusieurs facteurs expliquent cette hausse : la volatilité des marchés après la publication du rapport sur l’emploi américain, l’augmentation des prix du pétrole et la volonté des banques de préserver leurs marges. Mais quels sont les mécanismes précis derrière cette situation ? Et à quoi les emprunteurs doivent-ils s’attendre dans les prochains mois ?
L’emploi américain secoue les marchés
Les États-Unis ont créé la surprise la semaine dernière. Les statistiques d’emploi ont dépassé les attentes : 254 000 nouveaux postes contre 150 000 prévus par les marchés.
Cette nouvelle inattendue a semé le doute. La Réserve fédérale aurait-elle surréagi en baissant ses taux de 50 points de base ? Faut-il vraiment poursuivre une politique de réductions agressives ?
Ron Butler rapporte le scepticisme de nombreux économistes bancaires américains : « Un certain nombre d’économistes de banques américaines ont exprimé l’idée que la Fed ne réduirait pas agressivement au cours de la nouvelle année et que les bons du Trésor avaient dépassé les bornes. » Il fait allusion à la baisse excessive des rendements. Cette méfiance a provoqué une hausse des rendements des bons du Trésor américains, entraînant dans son sillage les rendements canadiens. Ainsi, le rendement à 5 ans du gouvernement du Canada a grimpé d’environ 14 points de base (0,14 %) pour atteindre 3,10 %.
Dans son billet de blogue, Dave Larock d’Integrated Mortgage Planners met en lumière d’autres facteurs influençant le marché. Il évoque notamment la récente flambée des prix du pétrole, liée au conflit en cours. Cette hausse ravive temporairement les craintes inflationnistes et brouille le tableau général d’une inflation en recul.
« Nous sommes sur une trajectoire cahoteuse », explique M. Larock. Il note que malgré les efforts des banques centrales pour atténuer les pressions sur les taux d’intérêt à l’échelle mondiale, la récente flambée des rendements obligataires prend bien du monde au dépourvu.
M. Larock souligne la volatilité des rendements obligataires. Selon lui, leur hausse soudaine pousse les prêteurs à revoir rapidement leurs taux hypothécaires fixes. Cependant, ces ajustements ne reflètent pas toujours fidèlement l’évolution des coûts d’emprunt. « La plupart du temps, il s’agit plus de protéger les marges bénéficiaires que de suivre directement le marché obligataire », précise-t-il.
Ryan Sims, expert en taux chez TMG The Mortgage Group, critique sévèrement les grandes banques dans un récent article. Il leur reproche d’avoir creusé davantage un écart déjà « incroyablement élevé » entre les rendements obligataires et les taux hypothécaires. « Les banques ont privilégié les profits au détriment des gens », affirme M. Sims. Selon lui, les prêteurs auraient pu absorber une partie de la hausse des rendements obligataires. Au lieu de cela, ils ont choisi de répercuter ces coûts sur les emprunteurs pour maximiser les rendements des actionnaires.
Les taux vont-ils continuer de planer ?
« Les récentes hausses de taux ont déclenché une augmentation des demandes de retenue de taux, dit Ron Butler de Butler Mortgage, car de nombreux emprunteurs canadiens se sont précipités pour verrouiller leurs cotations de taux inférieures avant leur expiration. »
M. Butler prévoit cependant une courte durée pour ce pic. Selon lui, les rendements obligataires devraient se stabiliser puis reprendre leur baisse. De plus, la Banque du Canada poursuivra probablement la réduction de son taux directeur, ce qui influencera les prêts hypothécaires à taux variable.
M. Butler conseille aux emprunteurs qui renouvellent leur prêt d’opter pour des taux variables. Il explique : « L’économie canadienne ralentit, et la Banque du Canada poursuivra ses baisses de taux. »
Autres manchettes…
Les organismes de réglementation américains imposent des amendes record de 3 milliards de dollars à la Banque TD pour des manquements à la conformité
La Banque TD fait face à des pénalités radicales totalisant un peu plus de 3 milliards de dollars américains, annoncées la semaine dernière par plusieurs organismes de réglementation américains, y compris l’OCC et le ministère de la Justice.
Les amendes découlent de manquements importants à la conformité de la TD en matière de lutte contre le blanchiment d’argent (LBA), ce qui a exposé la banque à des risques liés au trafic de stupéfiants et à d’autres activités illicites.
Dans le cadre du règlement, la TD a accepté de verser plus de 1,8 milliard de dollars américains au ministère de la Justice pour régler les accusations criminelles. De plus, la banque fait face à des restrictions opérationnelles et fera l’objet d’une surveillance pour remanier son cadre de conformité.
Peter Routledge, chef du Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), l’organisme de réglementation bancaire du Canada, a souligné l’importance de solides pratiques de lutte contre le blanchiment d’argent.
« Les lacunes du régime de lutte contre le blanchiment d’argent de toute institution constituent un risque prudentiel », a-t-il déclaré dans un communiqué. « Dans les cas où de telles lacunes surviennent, le BSIF s’attend à ce que le conseil d’administration et la direction d’une institution prennent sans délai les mesures correctives nécessaires, en mettant particulièrement l’accent sur la gouvernance d’entreprise, la conformité et la résilience, et il peut les obliger. »
PHC annonce son conseil d’administration 2024-2025
Professionnels hypothécaires Canada (PHC) vient de dévoiler la composition de son nouveau conseil d’administration pour 2024-2025. Cette équipe allie l’expertise de leaders chevronnés à la diversité de représentants issus de toutes les régions du pays.
Barbara Cook préside l’équipe de direction. Maxime Stencer occupe le poste de vice-président, tandis que Joe Jacobs assume le rôle de président sortant. Ivy Budisavljevic assure le secrétariat et Bud Jorgenson gère la trésorerie. Lauren van den Berg conserve ses fonctions de présidente et chef de la direction.
Les directeurs régionaux pour le mandat 2024-2025 sont les suivants :
- Canada atlantique : Clinton Wilkins
- Québec : John Fucale
- Ontario : Leigh Graham, Sushanta Sen, Kuljit Singh
- Manitoba : Chad Wilson
- Alberta : Bhavna Bhasin
- Colombie-Britannique/Yukon : Erica Ma, Russ Morrison
Dans un communiqué, PHC exprime sa gratitude envers tous les candidats et participants aux élections de cette année. Dans un communiqué, l’association précise : « Les nouveaux administrateurs, élus pour trois ans, orienteront nos actions et soutiendront nos initiatives dans le secteur hypothécaire. »
Les Canadiens optimistes quant aux valeurs immobilières, selon un sondage Bloomberg-Nanos
Selon le dernier indice de confiance au Canada (BNCCI) de Bloomberg Nanos, les Canadiens se montrent nettement plus optimistes quant à l’évolution du marché immobilier. Ils sont plus de trois fois plus nombreux à anticiper une hausse de la valeur des biens immobiliers plutôt qu’une baisse.
Selon le sondage, près de la moitié des Canadiens (45,5 %) anticipent une hausse de la valeur immobilière. À l’opposé, seuls 13,2 % prévoient une baisse des prix. Plus d’un tiers des sondés (36,3 %) s’attendent à une stabilité des prix, tandis que 5 % restent indécis. Cet optimisme ambiant a propulsé l’indice de confiance BNCCI à 55,71, contre 53,76 il y a un mois. Ce chiffre frôle le record annuel de 55,75.
L’indice des attentes a grimpé à 55,82. Cette hausse révèle un regain d’optimisme des consommateurs envers l’économie et le marché immobilier.
Nik Nanos, scientifique en chef des données, affirme : « L’optimisme des consommateurs canadiens persiste. Cette confiance repose largement sur leurs prévisions favorables quant à l’évolution du marché immobilier. »
La confiance dans l’immobilier reste un pilier d’optimisme pour les Canadiens, malgré les difficultés économiques persistantes. Leur résilience se manifeste dans leurs perspectives positives pour le marché du logement.
Les arriérés hypothécaires augmentent de peu en juillet
L’Association des banquiers canadiens (ABC) rapporte une légère hausse du taux national des arriérés hypothécaires en juillet. Ce taux atteint désormais 0,20 %, ce qui représente 9 881 prêts en retard de trois mois ou plus. Cette augmentation, bien que minime par rapport au 0,19 % de juin, s’inscrit dans une tendance à la hausse depuis le creux de 0,14 % observé pendant la pandémie en 2022.
Le taux d’arriérés hypothécaires au Canada reste modéré comparé aux standards internationaux, malgré une légère augmentation. Il demeure nettement inférieur au pic de 0,27 % atteint en juin 2020, au cœur de la pandémie.
La Saskatchewan affiche le taux d’arriérés le plus élevé à 0,57 %, un chiffre stable depuis plusieurs mois. À l’opposé, l’Ontario et la Colombie-Britannique affichent les taux les plus bas, à 0,16 %. Ces chiffres témoignent de la solidité persistante de ces deux marchés.
Le suivi de plus de 5 millions de prêts hypothécaires à l’échelle nationale révèle une légère hausse des arriérés. Cette augmentation témoigne des défis que posent la montée des taux d’intérêt et l’endettement croissant des ménages. Malgré tout, le rendement global du marché hypothécaire canadien reste solide comparé aux normes internationales.

Capsules
- L’inflation atteint son plus bas niveau en trois ans : 1,6 %. Ce taux, le plus faible depuis février 2021, s’explique principalement par la chute des prix de l’essence. Ceux-ci ont chuté de 10,7 %, contre 5,1 % le mois précédent.
Les mesures privilégiées par la Banque du Canada pour estimer l’inflation sous-jacente — l’IPC-médian et l’IPC-trim — sont restées stables à 2,3 % et 2,4 %, respectivement. Les prix des loyers ont augmenté de 8,2 % d’une année sur l’autre (en baisse par rapport à 8,9 % en août), tandis que les coûts des intérêts hypothécaires ont augmenté à un rythme plus lent de 16,7 %, en baisse par rapport à 18,8 %. - La valeur totale des permis de bâtir au Canada a reculé de 7 % en août, atteignant 11,5 milliards de dollars après désaisonnalisation. Cette baisse survient après une hausse en juillet, qui avait elle-même suivi deux mois consécutifs de repli, rapporte Statistique Canada.
La valeur des permis résidentiels a chuté de 5,2 %, atteignant 7,1 milliards de dollars. Cette baisse s’explique principalement par un recul de 538,2 millions de dollars des permis pour logements multiples. Cependant, les permis pour maisons unifamiliales ont légèrement progressé de 151 millions de dollars. L’Alberta et l’Ontario ont stimulé la croissance des permis de maisons unifamiliales. Ces provinces ont contribué respectivement à des hausses de 102,8 millions et 75,3 millions de dollars. À l’échelle nationale, les autorités ont délivré des permis pour 18 500 nouveaux logements multiples et 4 700 maisons unifamiliales. Depuis août 2023, le total sur 12 mois s’élève à 268 200 logements. - Un récent sondage en Colombie-Britannique révèle des inquiétudes croissantes liées au coût du logement. Quatre propriétaires sur dix consacrent plus de 35 % de leur revenu après impôt aux paiements hypothécaires. Ce seuil sert souvent de référence aux prêteurs pour évaluer l’abordabilité. La situation s’avère encore plus critique pour les locataires. Soixante pour cent d’entre eux dépensent plus de 35 % de leur revenu en loyer. Les trois quarts affirment louer faute de pouvoir acheter une maison.
Le sondage révèle une inquiétude profonde quant à l’avenir économique de la province. Quatre locataires sur cinq doutent de pouvoir acheter une maison d’ici trois ans. Les électeurs expriment aussi leur mécontentement face aux performances économiques de la Colombie-Britannique. Deux tiers d’entre eux ont une vision pessimiste, et 40 % estiment que l’Alberta surpasse économiquement leur province.

ÉconoScope : Les principales annonces économiques à venir la semaine prochaine
Pays | Date | Heure (HE) | Annonce | Lecture précédente |
---|---|---|---|---|
![]() | Mer. 16 oct. | 8 h 15 | Mises en chantier | 217 405 unités (-2 % v.a.) |
![]() | Jeu. 17 oct. | 8 h 30 | Ventes au détail (Sept.) | +2,1 % v.a. |
![]() | Ven. 18 oct. | 8 h 30 | Mises en chantier (Sept.) | 1,356 M unités (+9,6 % v.a.) |
![]() | Ven. 18 oct. | 8 h 30 | Permis de construire (Sept.) | 1 475 000 (-6,5 % v.a.) |

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Last modified: octobre 16, 2024