par Ian Bickis
La dernière enquête sur la sécurité financière de Statistique Canada révèle une disparité marquée entre la richesse des propriétaires et des locataires, même si elle ne rend pas compte de l’ampleur réelle de la richesse des familles les plus fortunées du Canada.
L’enquête, menée seulement tous les trois ou quatre ans, montre que les familles dont le soutien économique principal était âgé de 55 à 64 ans et qui étaient propriétaires de leur logement et bénéficiaient d’un régime de retraite parrainé par l’employeur avaient une valeur nette médiane de 1,4 million $ en 2023, tandis que les locataires sans régime de retraite avaient une valeur nette médiane de 11 900 $.
La propriété de la résidence principale était le principal facteur de la disparité, car les familles qui étaient propriétaires de leur logement, mais n’avaient pas de régime de retraite, avaient une valeur nette médiane de 914 000 $, tandis que celles qui avaient un régime de retraite, mais n’étaient pas propriétaires, avaient une valeur nette médiane de 359 000 $.
Les données publiées mardi montrent également que les Canadiens de toutes les tranches de revenu tentent d’accéder à la propriété, a affirmé Dan Skilleter, directeur des politiques de l’organisme à but non lucratif d’inclusion économique Social Capital Partners.
«Les chiffres les plus frappants concernent la croissance de l’immobilier en tant que classe d’actifs, a-t-il affirmé. Il est donc clair que tout le monde a reçu des signaux sur l’importance de cette catégorie d’actifs, et je pense que c’est dysfonctionnel et que cela a conduit à une situation intenable dans laquelle l’immobilier est devenu un tremplin essentiel pour vraiment avoir une sécurité financière au Canada.»
Le portrait est similaire pour les familles dont le principal soutien économique a moins de 35 ans, puisque la valeur nette médiane de celles qui possèdent leur résidence principale est de 457 100 $, contre 44 000 $ pour celles qui n’en possèdent pas.
L’écart est encore plus grand pour les jeunes familles, car Statistique Canada note que, sur cette valeur nette de 44 000 $, une part croissante est due aux locataires qui possèdent des biens immobiliers qui ne sont pas leur résidence principale.
L’enquête a révélé que, parmi les locataires sans régime de retraite, 15 % avaient une valeur nette supérieure à 150 000 $ en 2023, contre 5 % en 2019, car davantage de personnes achètent des biens immobiliers.
Dans l’ensemble, l’enquête a montré que la valeur nette médiane des ménages canadiens était de 519 700 $, en hausse de 57 % par rapport à 2019, année de la précédente enquête.
La richesse médiane des ménages de moins de 35 ans était de 159 100 $, en hausse par rapport à 56 400 $ en 2019, tandis que la catégorie des 55 à 64 ans était la plus riche avec 873 400 $, en hausse par rapport à 797 000 $ quatre ans plus tôt.
L’enquête comprenait un questionnaire de 45 minutes envoyé à un échantillon de près de 40 000 foyers pour fournir une vue détaillée de ce que les familles possèdent et de leurs dettes.
«C’est vraiment la seule enquête dont nous disposons qui permet au gouvernement d’examiner l’histoire financière complète des familles», a affirmé M. Skilleter.
Un angle mort pour les plus riches
L’enquête comporte toutefois un angle mort important pour les plus riches du Canada. Statistique Canada divise l’enquête en groupes pour s’assurer que les différentes catégories de ménages sont représentées, mais le groupe à l’échelon le plus élevé est celui des 5 % les plus riches du Canada, soit toute personne dont le revenu était supérieur à environ 2,4 millions $ dans l’enquête de 2019.
La large catégorie supérieure signifie que le 1 % des familles les plus riches, de même que le 0,1 %, est à peine pris en compte, a soutenu M. Skilleter.
«Ce qui ne fait pas partie de l’enquête, c’est d’examiner de manière plus large l’économie canadienne et de voir si la concentration de la richesse en général s’aggrave ou s’améliore, a-t-il souligné. Et à mon grand désarroi, ils ne peuvent même pas tenter de répondre à cette question, car ils n’ont pas organisé leur enquête de manière à avoir une bonne chance d’obtenir un seul milliardaire ou 100 millionnaires pour y répondre.»
La famille la plus riche avait une valeur nette de 23,7 millions $ dans la version 2012 de l’enquête et de 27,3 millions $ dans le rapport de 2016, tandis que le groupe Credit Suisse estime que plus de 5500 Canadiens ont une valeur nette de plus de 50 millions $, dont 120 avec une valeur nette de plus de 500 millions $, a noté M. Skilleter dans un rapport d’avril.
Statistique Canada a indiqué que «la part du patrimoine détenu par le 1 % des familles les plus riches peut être sous-estimée dans cette source de données». M. Skilleter a noté que les États-Unis créent spécifiquement un échelon pour les milliardaires afin de s’assurer qu’ils sont représentés dans les résultats de son enquête sur la richesse, ce qui contribue à montrer l’inégalité économique dans ce pays.
Le Canada semble plus égalitaire d’après les données de l’enquête, mais cela peut être trompeur.
Les données de l’enquête de 2019 ont été utilisées pour estimer que le 1 % le plus riche du Canada détenait environ 13,7 % de la richesse, et le 0,1 % en détenait 2,8 %. Mais en combinant l’enquête avec des données externes comme la liste des plus riches de Forbes, le directeur parlementaire du budget a estimé la part du 1 % des plus riches à 24,8 % et celle du 0,1 % à 11,2 %.
«Nous ne sommes même pas informés de la manière dont la possession de capitaux augmente considérablement la fortune de certains, a déclaré M. Skilleter. Cela donnerait lieu à une discussion plus franche sur les différentes façons dont les politiques publiques (…) peuvent intervenir et améliorer la vie des gens.»
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Last modified: octobre 29, 2024