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Droits de douane, technologie et Tesla : qu’est-ce qui entretient le chaos actuel des marchés ?

Quelle semaine agitée dans les marchés ! De telles semaines ne s’égalisent qu’à quelques événements marquants de l’histoire : le krach boursier lié au COVID-19 en 2020, la crise financière mondiale en 2008 et le séisme technologique de 2001.

Stock market crash April 2025

Les indicateurs mondiaux s’effondrent alors qu’en quelques jours, des dizaines de points ont disparu.

La séance de lundi a été pénible : l’indice Dow Jones Industrial Average a chuté d’environ 350 points à la clôture. Le S&P 500 et le Nasdaq ont également terminé en baisse après une journée volatile, marquée par des ventes importantes le matin, suivies d’un rebond partiel. La pression reste forte, malgré un repli moins brutal que la semaine dernière.

Les investisseurs qui appréciaient certaines actions récemment devraient les trouver encore plus attrayantes aujourd’hui. Le marché fluctue naturellement, avec ses hausses et ses baisses. Cette période difficile ne représentera qu’un bref épisode dans l’histoire boursière, malgré les critiques et les accusations de certains observateurs.

Je vais clarifier la situation pour répondre à vos nombreuses questions.

Nous pouvons classer en deux grandes catégories les mouvements observés sur les marchés d’actions, d’obligations et de matières premières. Je présenterai ces deux catégories, leur contexte et les mécanismes qui expliquent les réactions des marchés. Mon objectif n’est pas l’exhaustivité, mais de vous offrir une vue d’ensemble qui vous aidera à fidéliser votre clientèle.

Le marché boursier influence certes largement la situation, mais ses répercussions touchent aussi bien le secteur immobilier que l’économie globale, la confiance des consommateurs et les obligations.

Le mondialisme, les droits de douane et pourquoi Apple est dans la ligne de mire

Tout d’abord, nous constatons une réaction à ce que les marchés perçoivent comme un facteur négatif pour la performance économique.

Les pays industrialisés fondent depuis quarante ans leur économie sur le commerce mondial, qu’on désigne sous le terme de « mondialisme ». Ce système économique nous permet aujourd’hui d’acheter tous nos produits à prix réduit dans les Dollorama.

Les entreprises délocalisent depuis des décennies leur production vers des pays aux coûts réduits, profitant de réglementations environnementales plus souples et de normes sociales moins contraignantes. Ces mêmes entreprises ont ainsi vu leurs bénéfices augmenter régulièrement grâce à la réimportation de produits fabriqués à bas prix vers l’Amérique du Nord.

Les investisseurs anticipent l’avenir en Bourse et appliquent systématiquement un coefficient multiplicateur aux bénéfices pour valoriser une action. Je prendrai Apple comme exemple pour illustrer ce principe.

Apple engrange des profits colossaux depuis un an. Le géant technologique délocalise sa production dans des pays à bas coûts, rapatrie ses produits et les vend avec de fortes marges. L’entreprise transfère aussi l’essentiel de ses revenus mondiaux vers une société écran irlandaise profitant d’une fiscalité avantageuse de 2 %.

Apple affiche un ratio cours/bénéfice de 27. Les tarifs douaniers menacent ces bénéfices et le cours boursier. Une simple baisse d’un dollar du bénéfice par action précipiterait l’action Apple dans une chute de 14 %. Ce scénario, appliqué aux autres géants technologiques, explique l’effondrement des indices.

Je ne prédis pas une chute assurée des bénéfices d’Apple de 1 $ par action ; je prends un exemple parmi tant d’autres. Les marchés boursiers analysent chaque information disponible pour anticiper l’avenir. Microsoft, Nvidia, Apple, Meta et Google, géants qui dominent les indices boursiers américains, sont particulièrement vulnérables aux droits de douane en raison de leurs sources d’approvisionnement et de leur main-d’œuvre.

Les locomotives d’hier plombent aujourd’hui les marchés. Pas d’affolement — le Marché ajuste naturellement les cours selon l’actualité. Une levée des tarifs douaniers inverserait brutalement la tendance, sachant que Trump cultive l’imprévisibilité.

Les appels de marge amplifient discrètement la débâcle boursière

Les ventes massives s’expliquent aussi par l’effet de levier. Cette pratique courante en bourse permet aux investisseurs d’emprunter sur leur capital initial. Un placement de 10 000 $ sert ainsi de garantie pour démultiplier sa position.

L’effet de levier décuple vos gains en période faste, mais précipite votre faillite en temps de crise. Le ratio habituel s’établit à 3 contre 1. Les particuliers doivent maintenir 25 % de fonds propres.

Alors, votre portefeuille de 10 000 $ se compose de 2 500 $ de fonds propres et de 7 500 $ d’emprunt bancaire.

Cette stratégie montre ses limites face aux variations brutales du marché. Prenons Tesla en exemple : cette action affiche une volatilité remarquable, au-delà de toute considération pour Elon.

Le 20 janvier (jour choisi au hasard, totalement aléatoire), l’action TSLA se négociait à 426,50 $ l’unité. Ainsi, avec 10 000 $ d’actions Tesla, vous auriez possédé environ 23,4 actions. Aujourd’hui, Tesla se négocie à environ 239,43 $ — une baisse de 187,07 $ par action, soit approximativement 43,8 %.

Le véritable problème est que vous avez perdu 43,8 % de votre investissement, mais vous n’aviez que 25 % des fonds à perdre. Le reste est l’argent de la banque sur votre effet de levier.

Alors, ce qui se passe, c’est que la banque vous oblige soit à investir davantage pour remettre l’opération sur les rails, soit elle vous vend sur le marché afin de récupérer son argent — un processus appelé « vente forcée ».

Lorsque la banque vous met en défaut de marge, elle vend simplement aux prix du marché actuel — un peu comme une saisie immobilière dans le domaine des hypothèques. Avec les marchés qui chutent fortement, le nombre de personnes recevant des avis de mise en demeure augmente quotidiennement d’environ 300 % par rapport à il y a deux semaines.

Comme les marchés sont déjà en baisse, cette vente forcée des banques pour récupérer leurs dollars de marge met simplement plus de pression à la vente sur un marché baissier, et c’est ainsi que nous obtenons ces journées de forte baisse.

Les vendeurs sur marge sont des vendeurs forcés — ils ne souhaitent pas vendre dans un marché bas, mais ils y sont contraints en raison des exigences de marge. La vente sur marge s’apparente à un client hypothécaire arrivant à échéance, pour découvrir que son prêteur actuel refuse de renouveler.

Ils sont au chômage, n’ont aucun capital propre et ont un mauvais crédit — donc on ne peut pas transférer l’hypothèque ailleurs. L’hypothèque est exigée et la banque prend l’actif et le vend. La différence est que les hypothèques et les maisons peuvent prendre des mois pour être réglées et vendues. Les actions, en revanche, bougent en millisecondes. Tout se passe plus vite sur le marché boursier.

Ces deux facteurs expliquent les mouvements importants que nous observons. Les marchés réévaluent les bénéfices des entreprises et la croissance mondiale future, tandis que les clients à marge sont contraints de vendre sur un marché déjà en baisse, ce qui fait chuter davantage les prix.

Il convient également de noter que les grands acheteurs institutionnels — comme les fonds de pension et les fonds communs de placement — sont en « grève des acheteurs ». Personne ne veut attraper un couteau qui tombe, ils restent donc en retrait et attendent que les choses se calment avant de revenir. Avec beaucoup de ventes et les gros investisseurs en retrait, les prix doivent trouver un nouveau niveau normal avant le retour des acheteurs institutionnels.

Pourquoi l’or et les obligations échouent dans leur rôle de refuge

Les investisseurs s’interrogent sur la faible protection offerte par les obligations et les métaux précieux, ces valeurs refuges traditionnelles en période de turbulences boursières.

Les obligations attirent l’attention des courtiers hypothécaires. Les obligations canadiennes 5 ans ont perdu 12 points de base cette semaine, une baisse modeste face à la dégringolade boursière à deux chiffres.

Les obligations (et l’or) ont bien performé cette année, mais quand les investisseurs perdent beaucoup d’argent, ils tendent à vendre d’abord leurs valeurs gagnantes — parfois pour maintenir leur marge. Comme les obligations et l’or étaient les grands gagnants, ils ont été parmi les premiers à être vendus.

La vente d’obligations fait chuter leur prix et augmente leur rendement. Bien que certains investisseurs aient cherché à se protéger des turbulences en achetant des obligations cette semaine, une vague de ventes a freiné cette demande — le rendement n’a donc pas baissé autant qu’on aurait pu l’imaginer.

Nous devons aussi garder à l’esprit que, si nous inversons vraiment la mondialisation avec de nouveaux tarifs douaniers dans le monde, cela tend à être inflationniste pour pratiquement tout le monde. Les anticipations d’inflation influencent les rendements obligataires, il est donc difficile de trouver refuge dans les obligations — ou d’espérer une baisse des rendements — quand le marché se dégrade à cause d’un événement lié à l’inflation.

Près de la moitié de la baisse des obligations canadiennes à 5 ans est survenue après la publication du rapport sur l’emploi canadien. Parlons d’un désastre total — c’était probablement l’un des pires rapports sur l’emploi que j’ai vus depuis très longtemps.

Les investisseurs à l’affût guettent les retournements de marché et la remontée des taux actuariels

Les ventes massives d’actions après lundi, si elles se réalisent, pourraient stimuler l’achat d’obligations, avec une hausse des prix et une baisse des rendements à la clé. L’essoufflement rapide des ventes laisserait toutefois le marché obligataire atone.

Les marchés ont ouvert en net recul aujourd’hui avant de rebondir durant la journée, confirmant le revirement intrajournalier que j’avais anticipé. Ce genre de ventes attire les investisseurs à la recherche d’opportunités. Nous approchons de niveaux techniques importants. Une fois l’euphorie passée, les courtiers se tourneront vers les fondamentaux et les graphiques, ce qui pourrait provoquer un fort rebond… ou une chute brutale des taux obligataires.

Les marchés obligataires ont de la mémoire. Malgré l’une des pires débâcles boursières depuis le lundi noir de 1987, les rendements n’ont reculé que de 12 points de base. Une hausse des rendements reste donc probable après cette secousse boursière.


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Last modified: avril 8, 2025

Ryan Sims, agent hypothécaire à London, a débuté dans les services financiers à 15 ans chez RBC. Après son diplôme secondaire, il a gravi les échelons à RBC jusqu’au service de recouvrement à Toronto, puis est passé chez Citi Group avant de créer sa propre pratique de planification financière dans le sud-ouest de l’Ontario. Pionnier, il a été l’un des premiers planificateurs ontariens à cumuler les permis d’assurance, d’agent hypothécaire et de placement, comblant ainsi une lacune du secteur. Après 17 ans à la tête de son entreprise, il l’a vendue en 2021 à 40 ans. Diplômé du Seneca College, certifié par l’IFIC et l’ICVM, il détient des permis d’assurance-vie et d’agent hypothécaire en Ontario. Auteur de www.mortgageramblings.com, Ryan est une référence sur les marchés financiers et le comportement des consommateurs. Formé en finance comportementale et Fintech à la Wharton School, il est marié depuis 20 ans à Kinga, père de 4 garçons de 13 à 20 ans, et partage son temps entre l’Ontario et la côte du Golfe du Mexique.

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